Chouquette

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Un film de Patrick Godeau ,
Avec Sabine Azéma, Michèle Laroque, Michèle Moretti,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h23
France

En Bref

Chaque année Chouquette, une vieille dame acariâtre, organise l’anniversaire de Gepetto son mari. Jamais personne ne vient, même pas Jean-Pierre qui depuis longtemps a abandonné le foyer de ses rêves devenu un cauchemar. Pourtant exception à la règle Diane une ancienne conquête du bellâtre se pointe cette année-là. La réception n’est pas d’un enthousiasme débordant. « – Une dame vient d’arriver, une amie de Madame. – Connais pas. » À force de faire chier son monde, d’être imbuvable et exécrable, mamie Chouquette récolte la monnaie de sa pièce. Il devient difficile à un certain âge d’accepter la vérité. L’arrivée de son petit-fils renvoyé pour des raisons mystérieuses de sa colonie de vacances ne transforme pas la chipie en mamie gâteau.

Elle décide de le ramener à bon port, se coltinant au passage Diane la maitresse de Gepetto, et sa mère en cours de route. Il est temps de donner un bon coup de torchon à l’existence. Plus personne ne vient à la fête, les lampions clignotent dans le vide. Il est temps de faire le point avec la vie, de cesser d’attendre le retour du bonheur, car l’heure tourne. Il est temps de ne plus faire semblant d’aimer, d’attendre, de dormir et de vivre. C’est ainsi que commence la route vers nulle part, juste le temps du voyage pour se retrouver. Trois femmes et un gamin futé renouent avec l’existence pour donner un sens à la vie. La prendre à bras le corps, oser rêver, se dépasser, s’accepter, décider de ce que l’on fait du temps qui reste.

Le producteur Patrick Godeau en découvrant le roman d’Émilie Fréche décide de passer à la réalisation. Il abandonne le ton et la Côte d’azur pour une comédie amère et grinçante avec un duo improbable. Il ne reste plus grand-chose du roman original. Sabine Azéma semble à l’aise dans cette vieille femme qui attend toujours le retour de l’amoureux galvaudeur et d’une fille partie sauver le monde en Inde. Elle s’enferme dans son château de granit face à la mer avec pour compagnon une otarie et un Jay maitre d’hôtel homme à tout faire. On ouvre, on ferme des portes. On monte, on descend de voiture. On balance quelques phrases que sur la solitude, les vielles pie acariâtres, le désespoir et l’espérance. C’est un film sur l’abandon, et la peur de la solitude. On rajoute une pincée de fin de l’univers et du temps qui s’écoule plus vite pour le marcheur, les occasions manquées, les petits riens poussant la vie dans une autre direction.

C’est une lettre oubliée, un mot jamais prononcé. On aimerait suggérer que parfois les non-dits deviennent bien plus utiles que les répétitions. Il manque juste du sucre sur les chouquettes pour qu’elles soient parfaites. Le but du voyage est de transformer le voyageur. Le but final n’a aucune importance, c’est la route et ses aléas qui se chargent de la métamorphose. Plus il avance et plus il comprend que la vie mérite d’être vécue que les tours d’ivoire ne sont que des tombeaux, que les vieux et les jeunes possèdent une certaine sagesse. L’exercice devient de plus en difficile pour nous surprendre, nous bousculer, nous emporter et nous prendre aux tripes. Hélas la route file, on balance bien des petites phrases, on change, mais rien que de l’ordinaire. En fond la bande originale délie sa petite musique douce pour en rajouter une couche. Le duo Sabine Azéma - Michèle Laroque tient la route, mais reste dans les clous sans se surpasser. Le petit Lucas remplit sa partition de charmante tête blonde avec ses réflexions sur le temps et la naissance de l’univers. Trop sage, trop classique, trop de clichés, il manque d’un rien pour nous emporter sur une route plus accidentée, à l’image de son décor, la Bretagne sauvage.

Patrick Van Langhenhoven