La vie côté cuisine, le vendredi soir de décembre avant Noël. C’est le « Magic Friday », la soirée la plus fréquentée de l’année. En compagnie d’Andy, chef étoilé et de sa brigade, nous vivons sous tension la théorie du chaos de ce moment spécial. À l’effervescence et la valse des serveurs et cuisiniers se mêlent les soucis personnels et gastronomiques. Avant le coup de feu, la venue d’un inspecteur de l’hygiène fait monter le thermomètre au bord de l’explosion. Au cours de cette soirée, à la table des convives et aux fourneaux, s’invite un regard sur la vie et le monde. On le sait, l’heure du repas est aussi celle de refaire le monde, de signer des contrats, etc.
The Chef est avant tout un défi technique et une performance d’acteurs. Il se tourne en un plan-séquence, comme Victoria de Sebastian Schipper en 2015. Après des répétitions et deux jours de tournage, l’équipe arrive à la prise parfaite. Philip Barantini adapte son court-métrage avec l’idée de montrer les coulisses d’une brigade de cuisine. Il utilise son expérience, ayant été chef lui-même. Il ajoute le regard des clients, entre les pointilleux, les influenceurs, les touristes de passage, un ami chef cuisinier et une critique gastronomique. Côté cuisine, autour d’Andy le chef (Stephen Graham) se démènent Carly l’assistante (remarquable Vinette Robinson) et de jeunes acteurs performants.
C’est la théorie du chaos revisitée façon cuisine. Elle montre que le monde n’a pas une prédictibilité déterministe. Dans ce désordre apparent, existe peut-être un ordre imperceptible. C’est l’effet papillon, la venue de l’inspecteur de l’hygiène, une note à relever et les soucis du chef. Ils se répercutent sur toute l’équipe et font grimper le thermomètre jusqu’à la chaleur volcanique. Derrière l’aspect technique, c’est un regard sur le monde et comment nos ennuis personnels interfèrent dans ce microcosme.
Cet espace gastronomique devient le reflet de notre société, dans ce qu’elle a de meilleur et de plus mauvais. L’attitude du chef et son addiction se transmettent au reste de la brigade qui finit dans le chaos. Le film aborde des sujets de société comme la dépression, le racisme, l’homophobie, le harcèlement, etc. Il explore l’âme humaine, entre jalousie, pouvoir, amour, haine et violence. Il dénonce, entre les lignes, des conditions qui demandent à être repensées. The chef est une plongée au cœur d’un monde (et du monde), à ne pas manquer.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Boiling Point
Réalisation : Philip Barantini
Scénario : Philip Barantini et James Cummings
Musique : Aaron May et David Ridley
Décors : Aimee Meek
Costumes : Karen Smyth
Photographie : Matthew Lewis
Montage : Alex Fountain
Producteurs : Bart Ruspoli et Hester Ruoff
Producteurs délégués : Philip Barantini, Bob Clarke, Michael Gilmore, Stephen Graham, Angus Henderson, Anthony Jabre, John Jencks, Ian Kirk, Peter Maddock, Paul Mellor, Ray Panthaki, Sara Sehdev, Jay Taylor, Ward Trowman, Hannah Walters et Samantha Warham
Sociétés de production : Ascendant Pictures, Matriarch Productions, Burton Box Films et Three Little Birds Pictures
Société de distribution : UFO Distribution
Pays de production : D Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur — 2,35:1
Genre : Thriller dramatique
Durée : 94 minutes
Date de sortie : 19 janvier 2022
Distribution
Stephen Graham : Andy McLeod
Vinette Robinson : Carly
Jason Flemyng : Alastair Skye
Ray Panthaki : Freeman
Alice May Feetham : Beth
Hannah Walters : Emily
Malachi Kirby : Tony
Taz Skylar : Bill
Récompenses :
- Prix du Meilleur Second Rôle féminin pour l'actrice Vinette Robinson
- Prix de la Meilleure Photographie pour Matthew Lewis
- Prix du Meilleur Casting pour Carolyn McLeod
- Prix du Meilleur Son pour James Drake, Rob Entwistle et Kiff McManus