Chacun sa vie
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En Bref
Le Festival de jazz des rues joue sa petite musique illuminant les matins tranquilles de la petite ville de Beaune. Le temps se compte au rythme des notes joyeuses caressant les murs de la cité, s’envolant dans les rues pour épouser le ciel bleu. Pendant ce temps, dans un tribunal, on juge un condamné. Pour douze hommes et femmes, c’est le temps de la sentence qu’un juge rendra au nom de la loi des hommes. C’est aussi, avec le juge, treize fragrances d’existence, des parcelles d’amour, d’espoir, de désespoir, de tendresse, de mots oubliés ou murmurés. Ce sont treize petites vies que la caméra effleure, le temps d’un festival et d’un procès.
C’est le chaos du monde, la ronde des jours heureux aux jours tristes où nos petites misères cachées apparaissent dans la coupole de la balance. On se trompe pour une autre ou un autre, le temps semble ne plus porter les sourires d’hier. Alors on les murmure ailleurs et, pris sur le fait, on pleure. On cherche à donner du sens à cette existence, de passage d’un printemps, de la naissance à l’hiver sans partage. On tente de se débattre contre ses démons, l’alcool, la face cachée du diable qui sort prendre l’air. Passent devant la caméra de l’existence, pour les uns et les autres, des vérités et des mensonges, hasards ou coïncidences, tout ça pour ça, des jours et des lunes où nait la belle histoire d’un homme et d’une femme, partir revenir pour avoir le courage d’aimer.
Claude Lelouch examine de nouveau le chaos du monde et de l’amour avec ce nouvel opus d’une carrière où la vie était son sujet principal. Contrairement à la majorité de me collègues, je pense qu’il existe chez Lelouch une constance. C’est la création d’une œuvre qui parfois s’égare, cherche sa route, se perd et revient dans la lumière, inspirée et transcendante. Dans cette idée, « chacun sa vie » en devient le sommaire où presque chaque parcelle de vie saisie par la caméra est l’entrée d’un tout plus global. C’est bien l’idée d’un chaos des existences que défend le réalisateur. Notre société, à l’image de la physique quantique, est une représentation chaotique du monde. On ne peut pas dire que l’actualité récente lui donne tort, ainsi que sa vision pessimiste pour s’en sortir.
C’est à l’aune de ses réalisations précédentes qu’il faut apprécier ce dernier opus. Chaque histoire nous renvoie à un film du réalisateur. Dans ce bouquet du feu d’artifice d’une vie, nous accrocherons, question d’affinités, avec certaines séquences plus qu’avec d’autres. Il reste dans ce chaos où l’amour semble le fil conducteur avec en écho la mort, des moments plus brillants que d’autres. Ceux de Johnny et de son sosie, qui profite de la ressemblance avec le chanteur pour mener la belle vie. Johnny joue les deux rôles avec talent et beaucoup de sensibilité, regard tendre du réalisateur sur le personnage qu’il apprécie. La romance avec Éric Dupond-Moretti et la prostituée en fin de carrière propose un regard différent. Un homme, par amour pour sa femme morte, choisit de noyer son plaisir dans les bras d’une femme de petite vertu.
Comme toujours chez Lelouch, tel est pris qui croyait prendre. L’amour se joue du bon sens et de la vertu. Un médecin soigne par le rire et oblige ses internes à raconter une bonne histoire pour dérider les zygomatiques et vous remettre le moral au beau fixe. C’est un puzzle de l’existence exploré par Claude Lelouch tout au long de sa carrière. D’autres moments paraitront moins originaux, car déjà évoqués dans la longue liste des regards du réalisateur. La question est bien de savoir s’il existe encore des recoins de ces sentiments qui composent la vie que cet entomologiste n’a pas scrutés.
Patrick Van Langhenhoven
• Réalisateur : Claude Lelouch
• Scénario : Claude Lelouch
• Dialogues, adaptation : Pierre Uytterhoeven, Valérie Perrin, Grégoire Lacroix, Claude Lelouch
• Production : Samuel Hadida, Victor Hadidas, Claude Lelouch, Jean-Paul de Vidas
• Musique : Francis Lai
• Directeur de la photographie : Robert Alazraki
• Distribution : Metropolitan Filmexport
• Date de sortie : 15 mars 2017
Distribution
• Ramzy Bedia : Tahar
• Samuel Benchetrit : Samuel
• Jean-Marie Bigard : Le médecin optimiste
• Laurent Couson : Un musicien
• Béatrice Dalle : Clémentine
• Gérard Darmon : Paul Richer
• Stéphane De Groodt : Stéphane
• Isabelle De Hertogh : Madame le juge
• Vanessa Demouy : Lola, la copine de Philippe
• Marianne Denicourt : Marianne de Vidas
• Jean Dujardin : Le commissaire
• Antoine Duléry : Le flic / Monsieur le maire
• Éric Dupond-Moretti : Le président
• Nadia Farès : Nadia
• Julie Ferrier : Nathalie Richer / Judith
• Liane Foly : Eugénie Flora
• Déborah François: Jessica
• Kendji Girac : Kendji
• Johnny Hallyday : Johnny
• Francis Huster : L'avocat général
• Christophe Lambert : Antoine de Vidas
• Chantal Ladesou : La contrôleuse fiscale
• Michel Leeb: François Pinata
• Pauline Lefèvre : Pauline
• Philippe Lellouche : Philippe
• Thomas Levet : Tony Rivera
• William Leymergie : L'avocat parisien
• Lola Marois Bigard : La prostituée remplaçante numéro 2
• David Marouani : Le gendarme
• Raphaël Mezrahi : L'autre gendarme
• Dimitri Naïditch : Dimitri
• Vincent Perez : Le comte
• Solenne Rodier : Lucie
• Rufus : Le chauffeur de taxi
• Angelica Sarre : Angèle
• John Sehil : Mécanicien à la Cadillac chez Riviera
• Mathilde Seigner : Mathilde
• Zinedine Soualem : Zinedine
• Valérie Steffen : La prostituée remplaçante numéro 1
• Estas Tonne : Estas
• Elsa Zylberstein : La comtesse
