Au départ se faufile l’absence dans la mémoire du présent. Une sœur morte qui disparait de la mémoire de la famille, oubliée peu à peu dans l’espace du temps qui s’envole vers le néant. Il ne reste de son passage que des fragments et un carré 35 dans un cimetière. La parole s’estompe, les vivants la rejoindront bientôt au pays des morts et que restera-t-il de cette parcelle de la mémoire familiale ? Éric Caravaca, réalisateur, acteur, se lance dans la quête de ce morceau de terre entretenu par une inconnue, liée par la perte d’un être cher. C’est Christine, la première enfant de la famille, l’ainée qui n’aura connu que quelques printemps avant que l’oubli n’efface sa trace. C’est d’abord le père du réalisateur qui évoque sa présence et son mystère. Derrière cette mort se cache un secret de famille que la mémoire de la mère semble avoir occulté pour ne garder que la mort.

Peu à peu le film remonte la rivière du temps et des souvenirs pour ébaucher le portrait de cette petite fille. La parole se délie, se rétracte, prend le mensonge pour alibi. Les cousins se souviennent de rires, de jeux dans la cour sous le soleil, de l’autre côté de la Méditerranée. La vérité et la réalité d’une douleur insondable balaient le mensonge. Cette petite fille dont l’absence marquait les fantômes de la mémoire du réalisateur prend forme et devient une personne. Il puise aux sources de différentes images pour remonter le fil de l’histoire de cette sœur perdue, marquée par une maladie. Le film nous rappelle que toute partie d’une famille est un morceau de nous. Il remonte la trace de ses sensations d’une absence sans savoir pourquoi ni comment cet étrange mystère des secrets de famille. Éric Caravaca réalise un film sensible qui parlera à tous et nous rappelle combien il est important de garder la mémoire de tous au sein du creuset familial.

Patrick Van Langhenhoven

    Titre : Carré 35

    Réalisation : Eric Caravaca

    Scénario : Éric Caravaca et Arnaud Cathrine

    Production : Laetitia Gonzalez et Yaël Fogiel