Un petit patron en bout de course dépose le bilan de l’entreprise familiale comme unique sortie du jeu. Le type l’a mauvaise, toujours réglo, au moindre faux pas, bingo, pas de cadeau. La scoumoune, c’est comme la merde de chien sur le trottoir, ça colle à tes grolles. Après la petite entreprise en déroute, c’est la famille qui prend le large. Beau-papa considère son gendre comme un moins que rien, un tocard. Au tiercé de la vie, il ne miserait pas un kopeck sur le canasson. Il faut se méfier d’un type aux abois. Il peut lui venir une idée géniale, c’est la taxe carbone. En gros, tu montes une fausse petite entreprise non polluante avec un prête-nom et tu refourgues le tout à un méchant pollueur contre un gros paquet de biftons. Le problème, c’est la corne d’abondance ; plus tu as de pognon plus tu en veux. Tes compères deviennent moins malins. Ils claquent le fric à tout va comme des cadors de la haute. C’est là que cela devient risqué, comme le piaf de la morale, dans la merde quand tu touches le gros lot, il faut savoir fermer sa gueule. La chute risque d’être à la hauteur de la fulgurance de ton ascension. Surtout, quand pour partenaires tu choisis une bande de branquignols et de malfrats. C’est peut-être la fin de la chance et le retour de la poisse.
Olivier Marchal revient à ce qui a fait son succès, le bon vieux polar à l’ancienne sur un sujet d’actualité. Il raconte l’ascension d’un brave type que le système a broyé. A bout de souffle, il lui rend la monnaie de sa pièce. Le réalisateur prend le temps d’expliquer clairement cette affaire complexe de l’arnaque à la TVA sur le carbone. Sur le cœur de cette histoire, il greffe le parcours d’un homme que la vie rejette dans les cordes du ring. Benoit Magimel trouve un rôle tout en nuances dans cette route qui le conduit de l’ascension à la chute, à l’image du personnage de L’impasse de Brian de Palma. De la même manière, l’influence de Scarface sur la jeune génération se fait sentir. La petite entreprise au cœur de l’arnaque, dans la fiction comme la réalité s’appelle Montana. Il s’inspire pour écrire son scénario de nouveaux truands branchés sur leur ordinateur. Ces derniers démasquent une faille dans le système et montent une fraude à la TVA sur les quotas de carbone.
Comme dans le film, la petite affaire devient trop visible. D’autre part, certains des protagonistes claquent leur grisbi sans aucune précaution. Il y a toujours le cador qui découvre la fontaine à pognon et qui déblatère à tort et à travers. Il braque les projecteurs sur sa tronche et fait capoter la juteuse affaire. Tous ces nouveaux gangsters oublient que Scarface leur idole, ce n’est que du cinéma. La réalité est moins rose et moins glorieuse. On finit souvent dans le caniveau, deux balles dans la peau. C’est un regard sur la société de consommation et le pouvoir de l’argent nous entrainant souvent dans des impasses. Ce qui compte ce n’est pas la chute, mais l’atterrissage. La fin revient à la vielle école, celle de l’honneur et du sang. Il y a de la tragédie et du roman noir comme dans tout bon polar. Olivier Marchal construit des gueules de marauds qui en ont. Gérard Depardieu en beau-père patriarche insolent nous rappelle ses grands rôles à la Gabin. Laura Smet est impressionnante dans une séquence qui nous ramène aux années les plus sombres. L’agression de ce groupe de filles de façon violence, je vous laisse la surprise. est véridique. Dani est magnifique en mère matriarche à l’antique. Michaël Youn nous surprend dans un rôle de conseiller sobre. Carbone vous réserve un bon moment de cinéma où la fiction s’empare de la réalité pour nous montrer un monde proche du roman noir, très à la mode aujourd’hui.
Patrick Van Langhenhoven
Titre : Carbone
Réalisation : Olivier Marchal
Sur une idée de : Ali hajdi
Scénario : Emmanuel Naccache et Olivier Marchal
Collaboration au scénario : Ali hajdi
Adaptation : Olivier Marchal
Co-Producteur : Nadia Khamlichi , Adrian Politowski et Gilles Waterkeyn
Photographie : Antony Diaz
Musique : Orelsan - Suicide social (bande annonce)
Compositeur : Erwann Kermorvant
Montage : Julien Perrin
Costume : Valérie Le Hello
Attaché de presse : Dominique Segall
Sociétés de production : Les films Manuel Munz, EuropaCorp, Nexus Factory et UMedia
Distribution : EuropaCorp (France)
Pays : Drapeau de la France France, Drapeau de la Belgique Belgique
Genre : policier
Durée : 104 minutes
Dates de sortie : 1er novembre 2017
Distribution
Benoît Magimel : Antoine Roca
Laura Smet : Noah Van Strecht
Gringe : Simon Wizman
Michaël Youn : Laurent Melki
Gérard Depardieu : Aron Goldstein
Dani : Dolly Wizman
Patrick Catalifo : Frank Moser
Moussa Maaskri : Kamel Dafri
Vladimir Ostermann :
Farid Larbi :
Catherine Arditi :
Micky Sébastian :
Naomie Winograd :
Carole Brana :
Sarah Lazaar : Vanessa Wizman
Idir Chender
Julie-Chloé Mougeolle : Model
Charlie Vincent :
Benoît de Gaulejac : le détective
Jonathan Louis : un client du restaurant