Au cœur du cosmos, les Kree, de nobles guerriers héroïques et les Skrulls ne font pas bon ménage. Ces derniers menacent l’équilibre de l’univers en détruisant et envahissant des mondes en quête d’on ne sait quoi. Vers, une guerrière Kree aux pouvoirs intenses, est envoyée avec son mentor Yon-Rogg par l’Intelligence artificielle, l’IA, la mère des Kree, pour éradiquer la menace. La Starforce tombe dans une embuscade et elle se retrouve prisonnière aux mains des terribles Krulls. Il ne fait aucun doute qu’ils ne l’épargneront pas. Toute cette affaire semble cousue de fil noir et blanc. C’est les bons contre les méchants, sauf que les souvenirs de Vers se bousculent au portillon et racontent une autre histoire. La belle échappe au terrible envahisseur pour se retrouver sur Terre poursuivie par des Skrulls furax.
La partie ne fait que commencer et le voile des souvenirs soulève de nouvelles questions. Sur Terre se trouvent les réponses d’une vie qui n’est pas un mirage. Elle apprend sa véritable identité, retrouve le monde de ses origines avec l’aide d’un agent du Shield, Nick Fury. Elle déchire le voile des mensonges pour que naisse la vérité. Le jeu est plus complexe qu’il n’y paraît et c’est ici que commence une bataille qui s’achèvera dans les méandres d’autres galaxies. Elle en saura un peu plus sur cette femme qui hante sa mémoire et qui, d’outre-tombe, lui révèle sa vraie nature. Tout est en place pour que la tragédie commence et que Carole Denvers devenue Captain Marvel y mette fin.
C’est dans un monde en majorité d’hommes aux super pouvoirs qu’apparaît Captain Marvel, la première héroïne, en 1968. Elle n’est pour l’instant que le personnage secondaire qui finit par obtenir sa propre saga avec l’arrivée d’une bande de jeunes auteurs bien décidés à bousculer l’univers Marvel. Depuis 2012, c’est en majorité des femmes qui écrivent son histoire. Il existe donc dans Captain Marvel un petit côté féministe dans la lignée du Girl Power d’aujourd’hui. Ceci n’est pas nouveau. Dans les années soixante-dix, les chevelus babas cool manifestaient déjà pour l’égalité des sexes. C’est donc une femme qui s’impose dans un monde d’hommes, aidée en cela par des pouvoirs illimités. Comme le disait Abel Gance sur Austerlitz à un historien, « Monsieur, je fais du cinéma ». C’est donc une histoire qui n’est ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. C’est au-delà des combats oniriques, au cœur des galaxies, laissant entrevoir de multiples possibilités, que se révèle l’âme du film.
Nous pourrions reprendre pour Carole Denvers, devenue Captain Marvel, la phrase de Rey dans la nouvelle saga de Star Wars. « Où est ma place dans tout cela ? » Carole Denvers doit batailler avec le mensonge et la vérité pour trouver ses origines. C’est le long cheminement d’une mémoire retrouvée et des liens perdus avec soi-même qui intéresse les réalisateurs. Le film ne manque pas d’action, s’inscrivant dans cette dernière thématique et non l’inverse. Dans cette galerie, des personnages semble moins développés, comme Wendy Lawson. D’autres prennent un relief nouveau comme Talos, en quête du bonheur de sa famille. Nous retrouvons la grande thématique du cinéma américain. La grande question du film est bien de savoir comment, avec ses pouvoirs immenses, Captain Marvel garde encore intègres son humanité et son humanisme.
C’est sans doute le choix de Disney dans ses deux réalisateurs qui en font l’une des questions de leur cinématographie. Comment ne pas céder à la vengeance, la violence, le mal et devenir le garant d’un certain équilibre au sein de l’univers. C’est le long cheminement de Vers se métamorphosant en Captain Marvel. Les différents points de passage, les vérités qui éclatent et le passé construisent la figure finale. C’est en se relevant sans cesse que l’on devient plus fort. Le duo Brie Larson, Samuel L. Jackson fonctionne à merveille dans une complicité qui n’est pas dénuée d’humour. On verra dans les Kree une certaine ressemblance avec Sparte. Les néophytes comme moi trouveront matière à leur satisfaction, certains fans seront peut être déçus.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Captain Marvel
Réalisation : Ryan Fleck et Anna Boden
Scénario : Meg LeFauve, Nicole Perlman et Geneva Robertson-Dworet, d'après les personnages créés par Stan Lee, Jack Kirby, Gene Colan et Roy Thomas
Direction artistique : Kasra Farahani
Décors : Andy Nicholson
Costumes : Sanja Milkovic Hays
Photographie : Ben Davis
Musique : Pınar Toprak
Production : Kevin Feige
Production déléguée : Victoria Alonso, Louis D'Esposito, Jon Favreau, Alan Fine et Stan Lee
Société de production : Marvel Studios
Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : super-héros
Dates de sortie : 6 mars 2019
Distribution
Brie Larson (VF : Élisabeth Ventura) : Carol Danvers / Captain Marvel
Samuel L. Jackson (VF : Thierry Desroses ; VQ : Patrick Chouinard) : Nick Fury
Ben Mendelsohn (VF : Thierry Hancisse) : Talos, leader des Skrulls
Djimon Hounsou (VF : Frantz Confiac) : Korath
Lee Pace (VF : Gilles Morvan ; VQ : Christian Perrault) : Ronan l'Accusateur
Lashana Lynch (VF : Corinne Wellong) : Maria Rambeau
Gemma Chan (VF : Zina Khakhoulia) : Minn-Erva
Annette Bening (VF : Pauline Larrieu) : l'intelligence suprême / Dr Wendy Lawson alias Mar-Vell
Clark Gregg (VF : Jean-Pol Brissart) : Phil Coulson
Jude Law (VF : Jean-Pierre Michaël) : Yon-Rogg
Algenis Perez Soto (VF : Mike Fédée) : Att-Lass
Rune Temte (VF : Pascal Casanova) : Bron-Char