Il ne fait pas bon être un enfant à Derry dans le Maine. Ça rôde dans l’ombre et enlève les petites vies fragiles. La menace devient de plus en plus prégnante et le club des Ratés se décide à en connaître la cause. Pour Bill, tout commence le jour où son petit frère Georgie disparaît dans une bouche d’égout en quête d’un bateau de papier. Il entraine ses compagnons harcelés par les durs de l’école, rejetés par la majorité. La petite bande surmonte sa peur pour enquêter sur une malédiction remontant aux heures sombres de Derry. C’est terrible quand les rires de l’enfance prennent la forme du Clown Grippe-sous pour devenir leur pire cauchemar.
L’amuseur de la piste devient la terreur des enfants, sages ou non. Il dérobe les petits corps qui s’égarent et finissent par croire en son sourire de prédateur. Le club des Ratés dépasse ses peurs pour se lancer sur la trace du sinistre farceur devenu monstre carnassier. Il soulève le voile d’une malédiction frappant régulièrement la petite ville et ses enfants. Il ne leur reste plus qu’à pénétrer dans la maison en ruines, cœur des ténèbres et du mal. C’est ici que la première pierre de la sombre malédiction prend naissance. On entend encore les mugissements et les cris des petits corps qui ne reviendront plus. Il leur faudra vaincre leur peur la plus profonde pour franchir le seuil de l’inconnu et se lancer dans l’ultime bataille. Combien reviendront de ce jour de cauchemar ?
Andrés Muschietti s’est fait connaître avec l’excellent Mama. Déjà la peur, l’enfance et la famille marquaient de leur empreinte profonde le récit de ces deux petites filles. Il réussit le tour de force d’effacer de nos mémoires le premier feuilleton télé, raccourci pour les besoins du cinéma. C’est donc la première adaptation pour le cinéma. L’œuvre de Stephen King est imprégnée par l’image de l’enfance Ça rappelle par moment les gamins de Stand By Me. Il est aussi imprégné de celles de Lovecraft, le Clown pouvant être une représentation des grands anciens. Le film joue plus sur le non-dit et ce qu’il éveille dans l’inconscient du spectateur, comme les créatures « lovecraftiennes ». En psychanalyse le « ça », découvert par George Groddeck, est une émanation de l’inconscient. Freud le relie au moi et au surmoi. Grippe-sous prend bien naissance au cœur de notre imaginaire le plus reculé, celui des peurs reptiliennes les plus profondes. Il passe d’ailleurs de la forme de clown à quelque chose d’indéfinissable et d’innommable. Il devient le croquemitaine chassant à la frontière de l’enfance.
C’est bien le passage de l’enfance à l’âge adulte qui intéresse Stephen King. Beverly achète une boite de tampons marquant son passage de jeune fille à femme. C’est la transformation du corps que l’on retrouve comme un leitmotiv dans tout le film, de la créature aux enfants. C’est bien la grande question : comment quitter ce monde de l’enfance et de ses peurs pour celui des adultes. La terreur disparaît parce que l’on n’y croit plus. Elle devient une réalité, les peurs de l’enfance ne sont pas celles des adultes. La sexualité apparaît avec ses questions sur les filles, qui deviennent autre chose que des camardes de jeux. Dans le livre, elle prend plus d’importance que dans le film. La séquence de la baignoire rappelant Carrie est dans ce sens très explicite. C’est aussi un autre roman de passage de Stephen King. Grandir, être un homme c’est quoi ? C’est ce que nous renvoient les adultes, images souvent peu brillantes ou la bande des petits caïds qui se prennent déjà pour des adultes. À la fin, il ne reste que des enfants et leur peur du monde à affronter. C’est ce bagage que nous emporterons avec nous pour affronter le monde extérieur. Une fois devenus un homme, nous quittons la maison, le village, notre place est ailleurs.
Nous découvrons au fond de notre moi ce qui nous révèlera aux autres. C’est le courage d’affronter nos peurs pour les dépasser et devenir, non plus un enfant, mais un homme complexe. Chaque enfant dépasse ses traumatismes pour les accepter et devenir un homme. Andrés Muschietti s’amuse à glisser de nombreuses références au cinéma des années quatre-vingt. La salle de cinéma joue Freddy et le Batman de Tim Burton. Beetlejuice inspire le réalisateur pour certaines scènes comme la transformation du monstre, Superman avec le pharmacien ressemblant à Clark Kent. Ça est donc une œuvre riche et multiple qui, au-delà des territoires de la peur, parle d’un moment déterminant de notre vie.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : It
Titre français : Ça
Titre international : It: Chapter One
Réalisation : Andrés Muschietti
Scénario : Gary Dauberman, Cary Fukunaga, Chase Palmer, adapté du roman Ça de Stephen King
Direction artistique : Peter Grundy
Décors : Rosalie Board
Costumes : Janie Bryant
Photographie : Chung Chung-hoon
Montage : Jason Ballantine (en)
Musique : Benjamin Wallfisch (en)
Production : Roy Lee, Dan Lin, Seth Grahame-Smith, David Katzenberg et Barbara Muschietti (coproductions)
Sociétés de production : New Line Cinema, Lin Pictures, Vertigo Entertainment, KatzSmith Productions (coproduction), RatPac-Dune Entertainment (association)
Sociétés de distribution : New Line Cinema (États-Unis), Warner Bros. (France)
Budget : 35 millions de dollars1
Pays d'origine : Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue originale : anglais
Sous-titres français : Géraldine le Pelletier
Format : couleur — 35mm — 2,39:1 (Panavision) — son Dolby Digital / Dolby Atmos / SDDS / Datasat
Genre : horreur
Durée : 135 minutes
Dates de sortie : 9 septembre 2017 (Festival de Deauville) 20 septembre 20175
Classification : Interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en France
Distribution
Bill Skarsgård (VF : Antoine Schoumsky ; VQ : Thiéry Dubé) : Grippe-Sou le clown dansant
Jaeden Lieberher (VF : Victor Biavan) : William "Bill" Denbrough
Jeremy Ray Taylor (VF : Alexandre Van Roy) : Benjamin "Ben" Hanscom
Sophia Lillis (VF : Clara Quilichini) : Beverly "Bev" Marsh
Finn Wolfhard (VF : Thomas Sagols) : Richard "Richie" Tozier
Wyatt Oleff (VF : Esteban Oertli) : Stanley "Stan" Uris
Chosen Jacobs (VF : Hugo Brunswick) : Michael "Mike" Hanlon
Nicholas Hamilton (VF : Julien Crampon) : Henry Bowers
Jack Dylan Grazer (VF : Tim Belasri) : Edward "Eddie" Kaspbrak
Jackson Robert Scott (VF : Achille Dubois) : Georgie Denbrough
Owen Teague : Patrick Hockstetter
Logan Thompson : Victor "Vic" Criss
Jake Sim : Reginald "Belch" Huggins
Javier Botet (VF : Antoine Schoumsky) : Le lépreux
Tatum Lee : Judith
Steven Williams (VF : Jean-Michel Martial ; VQ : Guy Nadon) : Leroy Hanlon
Stephen Bogaert (VF : Bruno Choël ; VQ : François Trudel) : Alvin Marsh
Geoffrey Pounsett (VF : Pierre Tessier) : Zack Denbrough
Pip Dwyer : Sharon Denbrough
Ari Cohen : Rabbi Uris
Stuart Hugues : Oscar "Butch" Bowers
Megan Charpentier : Greta Keene
Aimee Lenihan : l’étudiante
Kylie Lenihan : l’étudiante
Carter Musselman : le garçon sans tête
Anthony Ulc : le boucher
Edie Inksetter : l’hôtesse
Cyndy Day : la pharmacienne