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affiche C’est ça l’amour

C’est ça l’amour

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Un film de Claire Burger ,
Avec Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsberg,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h30
France

En Bref

On se retrouve seul au bord du gouffre des silences et des non-dits, des promesses non tenues que le temps façonne quand il ne reste que l’habitude et qu’elle nous joue des tours, abandonnant le bonheur pour la douleur. Elle est partie. Il reste avec ses deux filles. Il tente de s’en sortir, de porter le peu du foyer qui demeure. La mère reconstruit sa vie, elle ne reviendra pas. Elle est ailleurs, voguant vers d’autres horizons, sans lui. À qui en vouloir ? Qui est fautif ? Qui porte la douleur et l’autre la croix ? La plus jeune se cherche, explore les pistes qui la conduiront dans sa vie d’adulte. La plus grande consolide ses choix, se révolte contre sa mère devenue la mauvaise. Chacun se meurt dans ce chaos, cherchant la lumière qui ne viendra peut-être pas. Il essaye encore de croire en un retour possible. Mario se débat, tente de tenir dans la tempête, espérant qu’elle ne brisera pas le navire.

Est-ce qu’il n’est pas trop tard pour espérer de nouveau ?


« Nos enfants seront plus beaux et plus heureux que nous » Mario

 C’est ça l’amour arrive après Party Girl, réalisation partagée avec Samuel Theis et Marie Amachoukeli. C’était un regard sur la mère de Samuel Theis, déjà dans le décor de Forbach. Le film obtient en 2014 à Cannes, la convoitée Caméra d’or et le César du meilleur premier film, et montage. C’est au tour du père d’être le centre du récit. Claire Burger s’inspire de sa propre histoire et de celle de son père. Party Girl était une ode à la liberté, le second est plus un enfermement. C’est un père prisonnier d’une situation qu’il n’a pas vue venir. Il n’y a pas de coupable ni de vainqueur dans ce jeu des cœurs à deux qui s’égrène au vent des habitudes. Elle bâtit son film sur le même principe d’une caméra minimaliste explorant la détresse du quotidien. Boulil Lanners demeure émouvant, seul acteur professionnel au milieu de ces non-comédiens jouant une partition de la vie.

Chacun reste à sa place, la mère et les deux filles criantes de vérité dans des rôles de composition. C’est bien un morceau d’existence déroulant sa trame autour d’un père maladroit mais aimant. Comment assurer ce moment de passage, de transformation avec délicatesse sans se tromper ? Il est démuni, face aux premiers émois amoureux, au choix de la sexualité de la plus petite. Quel exemple donner quand le cœur se meurt d’amour, s’égare, bousculé par les sentiments ? La réconciliation, l’acceptation, passe par la drogue, mais est-ce que ce n’est pas qu’une illusion, un mirage ? C’est fuir la réalité. Quand elle reviendra, son visage n’aura pas changé. La visite d’une expo photo floue renvoie à cette famille dans le vague qui perd la consistance du paysage. La morale, c’est peut-être qu’abandonner, c’est aimer.

Dans le chaos et dans l’absolue tristesse, on finit par trouver la lumière pour se reconstruire quand vient le néant. La caméra reste délicate et discrète, évitant le voyeurisme et le misérabilisme. Elle saisit avec justesse un regard, un geste, un mot oublié résonnant dans cette tragédie des gens simples. À la fin, la réalisatrice aura du mal à quitter la scène et abandonner ses personnages. Il est parfois bon de rester sur une image. Le plus n’est pas forcément le mieux. Dans l’ensemble, elle confirme la promesse d’un cinéma d’auteur transcendant les histoires du quotidien en parole universelle.

  Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Titre : C'est ça l'amour

    Réalisation : Claire Burger

    Scénario : Claire Burger

    Photographie : Julien Poupard

    Montage : Claire Burger, Laurent Sénéchal

    Décors : Arnaud Dias

    Costumes : Isabelle Pannetier

    Musique : Paolo Conté "Max"

    Direction artistique : Pascale Consigny

    Production : Isabelle Madelaine

    Sociétés de production : Dharamsala, Arte France Cinéma

    Société de distribution : Mars Films

    Pays d'origine : France

    Genre : drame

    Durée : 98'

    Dates de sortie : 27 mars 2019

Distribution

     Bouli Lanners : Mario

    Justine Lacroix : Frida

    Sarah Henochsberg : Niki

    Cécile Remy-Boutang : Armelle

    Antonia Buresi : Antonia

    Tiago Gandra : Tiago

    Lorenzo Demanget : Nazim

    Gaëtan Terrana : Tony

    Célia Mayer : Alex

    Yasmina Douair : Nadia