C’est l’histoire d’un jeune homme né dans le protectorat britannique de Zanzibar (actuelle Tanzanie) qui s’appelait Farrokh Bulsara qui deviendra sous un autre nom le leader du groupe Queen. Freddy Mercury pour l’instant est en quête de son identité et de ce qu’il souhaite faire de sa vie. La musique coule en lui comme un torrent mais il n’appartient à aucun groupe. C’est le hasard, les petits dieux, les génies zoroastriens farceurs du destin qui un soir provoquent la rencontre. Il croise la route de Brian May et Roger Taylor, venant de perdre leur chanteur. Un peu plus tard, le bassiste John Deacon les rejoint. La formation est en place il ne lui reste plus qu’à trouver un nom et un agent, ce sera Queen.
Nous suivons le groupe dans sa quête d’identité musicale. Elle ne ressemblera à rien de connu jusqu’à maintenant. C’est dans une petite ferme perdue que s’élaborent les premiers morceaux et le plus emblématique de tous, Bohemian Rhapsody dans l’album A Night at the Opera, sorti en 1975. Freddy Mercury veut un mélange d’opéra, de chant a cappella, de rock et de sons peu ordinaires. Ce coup de poker musical propulse le groupe sur les sommets mais les mauvais génies rattrapent Freddy Mercury. Il décide de faire une carrière solo. Toujours en quête de son identité sexuelle, il part un temps seul sur la route pour finir par s’y perdre. Il revient à l’aube du concert Live Aid, le groupe se reconstitue et réalise sa meilleure performance.
Bohemian Rhapsody ne quitte pas la route de l’hommage respectueux à Queen et son leader Freddy Mercury. Il n’évacue pas pour autant les tourments qui agitent le groupe et leur chanteur. La quête identitaire est en ligne de fond à plusieurs niveaux, ethnique, sexuel, musical. Dans ce sens, c’est sans doute la petite touche de Bryan Singer que l’on ne remarque pas au premier abord. Pourtant c’est un aspect intéressant du personnage et du groupe qui brisera les codes du Rock pour inventer la musique de Queen. Il le placera comme le meilleur groupe de tous les temps, devant les Beatles. Pour les novices uniquement bercés de morceaux emblématiques du groupe, ils pourront parfaire comme moi leur culture sur Queen. On comprend mieux la quête d’un autre horizon musical, chacun des membres dans une union parfaite apporte sa pièce au puzzle final. Freddy Mercury en est la figure emblématique, révolté dans son intérieur, influencé par ses mauvais génies qui l’entraineront à la séparation.
En choisissant le nom de Queen pour le groupe il faisait déjà preuve d’une vision du futur. Il souhaite un vocable court, pompeux, irrévérencieux. Il signifie « reine », mais également « homosexuel » en argot britannique. Il comporte déjà toute l’histoire de Queen sans le savoir. Le film se concentre à sa manière par quelques raccourcis sur les premières années de la création du groupe jusqu’au moment du concert Live Aid. Il marque un tournant dans leur histoire, celui des retrouvailles et de l’envol vers les sunlights. Bryan Singer, révélé par Usual Suspects, s’illustre surtout en redonnant un coup de fouet à la franchise XMen. Bohemian Rhapsody s’inscrit dans ces biographies dépassées par leur portrait, Mandela, Nina Simone, Martin Luther King, Churchill, etc.
Elle s’efface derrière la figure qu’elle porte sur grand écran. Elle n’ose pas emprunter des chemins plus tortueux, dévoiler des parts trop sombres de son idole. Malgré tout, elle ne se laisse pas noyer non plus dans la vague, touchant à l’essentiel de façon respectueuse. Il faut le voir comme une fable qui n’est ni l’histoire de Queen ni celle de Freddy Mercury. C’est l’histoire d’une famille nommée Queen, chargée d’entretenir la légende. Cela n’est pas pour nous déplaire. Il reste la performance d’acteur de Rami Malek connu pour la série, Mr Robot. « Est-ce la vérité ou juste un fantasme ?… On n’échappe pas à la réalité. » (Premières paroles du morceau Bohemian Rhapsody) Elles illustrent parfaitement cette première biographie de Queen, ici, rien n’est totalement faux ni tout à fait vrai.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Bohemian Rhapsody
Réalisation : Bryan Singer, avec la participation non créditée de Dexter Fletcher
Scénario : Anthony McCarten, d’après son histoire partagée avec Peter Morgan
Direction artistique : Aaron Haye
Décors : Rachel Aulton, David Hindle, Hannah Moseley et Alice Sutton
Costumes : Julian Day
Photographie : Newton Thomas Sigel
Montage : John Ottman
Musique : John Ottman
Production : Jim Beach et Graham King
Producteurs délégués : Dexter Fletcher, Justin Haythe, Brian May, Arnon Milchan, Denis O'Sullivan et Jane Rosenthal, Roger Taylor
Coproducteur : Richard Hewitt
Sociétés de production : GK Films ; New Regency Pictures, Queen Films Ltd., Tribeca Productions (coproductions)
Sociétés de distribution : 20th Century Fox ; Twentieth Century Fox France (France)
Pays d'origine : Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : biographie
Durée : 134 minutes
Dates de sortie3 : 31 octobre 20185
Distribution
Rami Malek (VF : Sébastien Desjours) : Freddie Mercury
Marc Martel, sosie vocal de Freddie Mercury, a doublé Malek en post-production sur certaines scènes de chant.
Ben Hardy (VF : Gauthier Battoue) : Roger Taylor
Joseph Mazzello (VF : Nicolas Hardy) : John Deacon
Gwilym Lee (VF : Anatole de Bodinat) : Brian May
Allen Leech (VF : Benjamin Boyer) : Paul Prenter, le manager personnel
Lucy Boynton (VF : Pascale Mompez) : Mary Austin, la compagne de longue date de Freddie Mercury
Aaron McCusker (VF : Guillaume Bourboulon) : Jim Hutton, le petit-ami de Freddie Mercury
Aidan Gillen (VF : Xavier Béjà) : John Reid (en), le premier manager de Queen
Tom Hollander (VF : Arnaud Arbessier) : Jim « Miami » Beach (en), le second manager
Mike Myers (VF : Emmanuel Curtil) : Ray Foster
Meneka Das : Jer Bulsara, la mère de Freddie Mercury
Neil Fox-Roberts : M. Austin, le père de Mary Austin
Dermot Murphy : Bob Geldof
Dickie Beau : Kenny Everett
Philip Andrew : Reinhold Mack
Matthew Houston : Larry Mullen Jr.
Jack Roth : Tim Staffell