Notre histoire s’ouvre sur l’immensité aux couleurs virginales, à perte de vue. Un petit point rouge, la carcasse d’un avion, un homme se dressant seul dans le néant glacé. Overgard s’est échoué dans ce monde suite à un accident. Il trace un SOS visible du ciel qu’il nettoie chaque jour. Il représente, avec une radio à manivelle, le seul lien avec l’espérance de voir venir les secours. Les jours passent, monotones, à pêcher, tracer un trait de plus, se calfeutrer dans la carcasse contre le vent du nord. Un hélicoptère pointe le bout de ses pales, réveillant l’espérance, la fin du cauchemar. Fausse joie, il finit sa course dans le chaos, dévoré par le désert blanc. Une seule survivante mal en point ne trouble le silence que par ses gémissements et bientôt son mutisme. Son état réclame des soins rapides, il est temps de quitter l’abri de l’avion pour affronter l’enfer blanc.
Arctic s‘inscrit dans un cinéma difficile, celui du survival. C’est une femme seule dans l’espace dans Gravity, un homme sur Mars dans Seul sur Mars, un bateau pour All is Lost, un cercueil, les forêts profondes de l’Amérique pour Revenant, le monde dans La Route. La liste est longue. Elle commence peut-être avec Jeremiah Johnson en 1971 avec Robert Redford que nous retrouverons plus tard dans All is lost ou peut-être avec Le survivant en 1971 avec Charlton Heston. Joe Penna choisit un exercice difficile pour sa première réalisation. Il captive son spectateur en commençant par une première image forte d’un homme perdu.
Il s’appuie sur des dialogues minimalistes et le poids du silence troublé par les grincements des débris, le grondement d’un ours blanc. La tension est omniprésente, reposant sur l’essentiel, une ligne de pêche vide, un hélicoptère qui se crashe, une survivante muette et blessée, les incontournables tempête et ours blanc. Il ne révolutionne pas le genre mais ne se perd pas non plus. Le film repose sur le jeu de Mads Mikkelsen, impressionnant de réalité.
Il semble marqué par la scoumoune et le nombre de difficultés qui s’abattent sur lui. La fin ne surprendra peut-être personne mais s’inscrit parfaitement dans cette route balisée d’écueils. Joe Penna utilise avec sagesse l’espace infini et les plans plus rapprochés pour renforcer son récit. Arctic nous montre la capacité de l’humain à survivre au pire, en valorisant la ténacité, le courage, la persévérance en miroir à l’abandon, la lâcheté, la peur. C’est la victoire de la vie sur la mort.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus : aucun
Titre original : Arctic
Réalisation : Joe Penna
Scénario : Ryan Morrison et Joe Penna
Direction artistique : Atli Geir Grétarsson
Costumes : Margrét Einarsdóttir
Photographie : Tómas Örn Tómasson
Montage : Ryan Morrison
Musique : Joseph Trapanese
Production : Noah C. Haeussner, Christopher Lemole et Tim Zajaros
Sociétés de production : Armory Films, Pegasus Pictures et Union Entertainment Group
Sociétés de distribution : Bleecker Street (États-Unis) ; The Jokers (France)
Pays d'origine : Drapeau de l'Islande Islande
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame
Durée : 97 minutes
Dates de sortie: 10 mai 2018 (Festival de Cannes) 6 février 2019
Sortie Vidéo: 19 juin 2019
Distribution
Mads Mikkelsen : Overgård
Maria Thelma Smáradóttir : la jeune femme