Prenez une jeune fille et son pauvre père obligé de la sacrifier sur l’autel des intérêts à un homme plus âgé qu’elle. Angélique refuse d’épouser celui que l’on dit laid et aussi cavaleur que la montée de la mer au Mont-Saint-Michel. À cette époque, les damoiselles ne mouftaient pas et suivaient le bon vouloir de leur papa, sans rechigner. La voilà donc mariée en justes noces avec Joffrey de Peyrac, un homme au visage aussi marqué qu’une chaine de montagnes. Il décide comme un fauve en chasse que cette douce damoiselle se pliera à ses désirs, un jour ou l’autre. Au début, elle lui fait bien comprendre que nada, il achète la fille, mais pas son corps.
La tension est extrême, les rouages de l’intrigue se dessinent, dans l’ombre, d’autres perversions se mettent en place. On complote. On joue les pions qui permettront une fois de plus à son petit pouvoir de s’assurer que rien ne vient le déranger. Angélique la rebelle fléchit comme un barrage, elle cède devant l’homme qu’elle apprend à mieux connaître. Humaniste avant l’heure, il s’inscrit dans son temps, celui des prémices du siècle des Lumières. Le monde annonce une cour qui obéit à son roi et fait tout pour supporter la folie qu’il réclame de ses sujets, moutons dociles parqués à Versailles. Pour l’instant, elle se retrouve avec des enfants dudit seigneur, et ce qu’elle voyait comme un cauchemar se transforme en bonheur. Il sera de courte durée, le roi, les princes et bien d’autres feront basculer la balance et transformeront en course poursuite la folle équipée d’une Angélique devenue persona non grata. Elle tente tout pour sauver l’homme qu’elle aime, mais cela suffira-t-il ?
Michèle Mercier et Robert Hossein laissaient l’image du couple idéal dans la mémoire de nos mères, de nos femmes, de nos filles bercées des aventures en 5 volets de la douce et rebelle Angélique. C’était la grande époque du film de cape et d’épée, les garçons lui préférant Le Bossu ou Le capitaine Fracasse avec Jean Marais ou Michel Le Royer dans Corsaires et Flibustiers et Le chevalier de Maison rouge. La magie se résumait à une jeune fille éplorée en difficulté, un bellâtre sachant manier l’épée et la séduction, et une bande de comploteurs, de bandits de grands chemins aussi pourris qu’une pomme sur l’arbre de nos illusions. Michèle Mercier proposait pour la première fois une damoiselle qui ne se laissait pas faire et au contraire, damait le pion à tous ces excités de la lame.
Nos mères, à son exemple, pouvaient enfin, quelques années avant mai 68, envoyer bouler nos machos de père, prenant Angélique pour exemple. Michèle Mercier donnait corps et esprit, car elle n’en manquait point, à la figure du personnage d’Anne et Serge Golon. Petite anecdote, le nom de Serge qui officiait comme documentaliste, contrairement à la version allemande des romans, est rajouté en France pour des raisons commerciales. Nous vous proposons d’en découvrir plus dans le dossier que nous préparons sur les livres disponibles aux éditions de l’Archipel. Pour en revenir au film, il manque hélas des ingrédients principaux. Si Gérard Lanvin compose un Joffrey de Peyrac convaincant en lui donnant un autre relief moins sombre et inquiétant qu’Hossein, la pauvre Angélique manque singulièrement de couleur et de relief, elle paraît fade comme la tapisserie d’une chambre d’hôtel perdu. « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? » dirait le poète. La fougue, le tempérament brûlant de notre héroïne ne sont que braises d’un feu qui finit par s’éteindre.
La nouvelle génération est habituée à des romances comme Twilight, Hunger Games et elle risque fort de rejeter en bloc cette douairière sans saveur, loin de ses préoccupations. Quant à l’ancienne, bercée par la fougue de Michèle Mercier, elle aura vite fait de jeter ce mauvais pli du roi. Il manque de la fougue, du panache, de l’arrogance, des gentilshommes tirant l’épée au moindre mot. Plus centré sur les méandres des tractations et complots de salon, la nouvelle Angélique laisse un vide. À l’heure où le cinéma favorise l’action, il ne comporte qu’un seul combat à l’épée et une action assez poussive. Les pourquoi ne pas avoir prolongé la série en reprenant un sixième volet cinéma, rejoué la partition d’une saga mythique ne s’avèrent au final pas forcément une bonne idée, Monseigneur. Ma mère au bord de la crise cardiaque vous en demandera réparation sur le champ dans un duel comme il se doit !
Patrick Van Langhenhoven
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : aucun
Edition : Europa Video
Titre original : Angélique
Réalisation : Ariel Zeitoun
Scénario : Philippe Blasband1, d'après l'œuvre éponyme d'Anne et Serge Golon (1956)
Direction artistique : Fanny Stauff
Décors : Patrick Durand3
Costumes : Edith Vesperini4
Photographie : Peter Zeitlinger
Son : Thomas Berliner4
Montage : Philippe Bourgueil4
Production : Ariel Zeitoun, Filip Hering, Gérald Podgornig et Olivier Rausin4
Sociétés de production : Ajoz Films ; EuropaCorp, Climax Films (coproductions)
Société de distribution : EuropaCorp Distribution
Budget : 15 000 000 d'euros5
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : aventure
Durée : 113 minutes
Distribution
Nora Arnezeder : Angélique
Tomer Sisley : le marquis de Plessis-Bellière
Gérard Lanvin : le comte Joffrey de Peyrac
Simon Abkarian : l'avocat François Desgrez
Salomé Degeer : Angélique, jeune
David Kross : Louis XIV
Matthieu Boujenah : le marquis d'Andijos
Miguel Herz-Kestranek : le marquis de Plessis Bellière
Julian Weigend : Fouquet
Rainer Frieb : Mazarin
Florence Coste : Margot
Michel Carliez : Chevalier de Germontaz
Mathieu Kassovitz : Nicolas Merlot, alias « Calembredaine »
Éric De Staercke
John Dobrynine
Jean-Louis Sbille
Patrick Descamps
Bruno Joris
Fabrice Rodriguez
Karine Valmer: Hortense