C’est au cœur de la décharge, dans les rebuts de l’humanité, dans l’ombre de Zalem que le Dr Dyson exhume une moitié de femme, un Cyborg. À Iron City, il possède la réputation de réparer les corps de chair et de métal endommagés. Il redonne vie à la jeune fille au regard de néant, devenue amnésique. Dans cette arrière-cour du monde à la botte de la dernière des grandes cités, chacun travaille pour les nantis de Zalem, ce paradis. Tout habitant rêve de rejoindre la cité paradisiaque pour une vie de bonheur. Il n’existe qu’une manière de rejoindre Zalem, devenir le champion du Motorball. Sur une piste de rollers, les rolleurs et rolleuses se lancent à la poursuite d’une balle qu’ils doivent placer dans un panier pour marquer le point. Pour l’instant, la jeune fille a autre chose à faire, connaître son identité et son passé. Une série de meurtres la pousse à devenir chasseuse de primes puis la proie. En retrouvant une partie de sa mémoire, elle menace l’équilibre de cette société de survivants. L’ange devient une guerrière, mais il lui reste encore à trouver la solution pour atteindre Zalem et son maitre damné. La seule solution possible est de devenir championne de motorball, plus facile à dire qu’à faire.
Pour la première fois, Robert Rodriguez se retrouve maitre d’œuvre d’une équipe performante. Il insuffle au projet une part de son imaginaire dans le personnage d’Alita et dans les décors d’Iron City en particulier. Depuis longtemps James Cameron voulait adapter le manga cyberpunk Gunnm en neuf volumes de Yukito Kishiro. Occupé par la suite d’Avatar il confie les commandes du projet à Robert Rodriguez. « Nous espérons offrir au public une expérience radicalement nouvelle, une expérience qui lui permettra de revivre l’émotion du cinéma encore et encore. » C’est d’abord l’histoire de l’innocence confrontée au bien et au mal, une quête identitaire. La jeune fille fragile découverte par le Dr Dyson s’avère être une guerrière, une arme techniquement parfaite. Le premier combat d’Alita est donc de savoir, en retrouvant la mémoire, ce qu’elle compte faire de ce don. C’est la possibilité que nous offre la vie de faire le bien ou le mal qui détermine notre part d’humanité. Est-elle une machine sauvage et meurtrière ou une jeune fille humaine ?
Dans l’esprit de Sartre et de l’existentialisme : « L’homme est cet être chez qui “l’existence précède l’essence”, c’est-à-dire qui est d’abord et qui se définit ensuite, par ses choix, par ses actes. Ce qui signifie qu’il est libre. » L’amour vient donc en seconde partie sous les traits d’Hugo, un jeune homme qui cache lui aussi un autre masque. Nous ne sommes pas faits que de lumière et de ténèbres, mais de leur affrontement scellant notre âme. Les actes de chacun seront déterminants pour leur futur, mais à plus grande échelle pour la cité elle-même. Le doute s’insinue dans le récit pour révéler le vrai visage de chacun. Dyson est un père meurtri qui retrouve dans Alita, l’enfant qu’il a perdu. C’est encore un monde de classes que nous dévoile l’univers d’Alita : Battle Angel.
En haut, les nantis profitent des plus faibles réduits au rang de parias, esclaves d’en bas. Ils possèdent le vague espoir de rejoindre les dieux bienveillants en devenant champion de motorball. On pourrait s’interroger sur l’influence de Rollerball (1975), le motorball lui ressemble étrangement. Dans sa seconde partie, avec l’image du héros, le récit pose les mêmes interrogations que le film de Norman Jewison. La symbolique de l’ange et du lotus puisant ses racines dans la fange parcourt le film. Alita nait du néant, une décharge, pour devenir un ange punissant le mal. Le décor du labo de Dyson à la cité suspendue s’inspire du manga et de certains bâtiments mexicains. L’image virtuelle et la motion capture donnent une réalité à découvrir si possible en Imax pour en savourer le meilleur. Cette quête identitaire de l’âme dans le métal devrait ravir non seulement les fans du manga, de la science-fiction, mais aussi brasser un public curieux, plus large, avide de sensations.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Alita: Battle Angel
Titre québécois : Alita : L'Ange conquérant
Réalisation : Robert Rodriguez
Scénario : James Cameron et Laeta Kalogridis, d'après le manga Gunnm de Yukito Kishiro
Direction artistique : A. Todd Holland
Décors : Caylah Eddleblute et Steve Joyner
Costumes : Nina Proctor
Montage : Stephen E. Rivkin
Musique : Tom Holkenborg
Production : James Cameron, Jon Landau et Robert Rodriguez
Sociétés de production : Lightstorm Entertainment, 20th Century Fox et Troublemaker Studios
Société de distribution : 20th Century Fox (États-Unis et France)
Budget : estimé entre 150 et 200 millions de dollars 2,3
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : science-fiction
Durée : 122 minutes
Dates de sortie : 13 février 2019
Distribution
Rosa Salazar (VF : Ludivine Maffren) : Alita
Christoph Waltz (VF : Pierre-Francois Pistorio) : Dr Dyson Ido
Jennifer Connelly : Chiren
Mahershala Ali (VF : Eilias Changuel) : Vector
Edward Norton : Nova (non crédité)
Ed Skrein : Zapan
Jackie Earle Haley (VF : Frédéric Souterelle) : Grewishka
Keean Johnson : Hugo
Eiza González : Nyssiana
Michelle Rodriguez : Gelda (non créditée)
Lana Condor : Koyomi
Jorge Lenderborg Jr. (en) : un ami d'Hugo
Idara Victor : l'infirmière Gerhad
Marko Zaror (en) : Ajakutty
Derek Mears : Romo
Leonard Wu : Kinuba
Jeff Fahey : McTeague
Rick Yune (VF : Stéphane Fourreau) : Maïtre Clive Lee
Casper Van Dien : Amok
Elle LaMont : Screwhead