Il était une fois un jeune va-nu-pieds qui rencontre dans les rues du bazar une bien jolie inconnue. Il l’aide à échapper aux gardes du Sultan et lui fait découvrir sa tanière. C’est une vieille tour en ruines perchée au-dessus de la ville. Elle disparaît comme Cendrillon bien avant minuit. Aladdin ne désespère pas de retrouver la belle qui a ravi son cœur de voleur. Les retrouvailles se font au palais dans d’étranges circonstances. Il comprend qu’elle n’est autre que la princesse Jasmine, inaccessible pour un va-nu-pieds comme lui. Jafar le Vizir, plein de bonnes intentions, lui propose un drôle de marché. Il devra dérober dans une caverne cachée une lampe de pacotille pour lui. C’est l’occasion pour gagner ses galons, et peut-être transporter le cœur de Jasmine. La lampe et son génie feront de lui un prince qui pourra enfin prétendre au cœur de sa dulcinée. Il reste l’obstacle de Jafar, et pas des moindres, furieux d’avoir été dupé.
Guy Ritchie s’empare d’un des Contes des Mille et une Nuits, Aladdin pour Disney. Il nous propose une nouvelle version live entrainante, dans la lignée du dessin animé, dans les couleurs et décors d’inspiration Bollywood. Il ne lâche pas le rythme d’une comédie qui devrait ravir le cœur des enfants. Les contes en général restent souvent dans des apparences manichéennes, jouant sur les contrastes, bons et méchants, bien et mal, poussés à l’extrême. Les Mille et une Nuits constituent l’un des pans de la littérature arabe le plus réputé dans l’imaginaire occidental. Nous connaissons tous les deux qui sont les plus célèbres, rajoutés bien plus tard par Antoine Galland, Aladdin et la lampe merveilleuse et Ali Baba et les quarante voleurs. Aladdin et la lampe merveilleuse est le premier Conte des Mille et une Nuits à être adapté au théâtre, puis en 1926 au cinéma. Il ne compte pas loin de 348 versions.
C’est un conte initiatique, celui d’un jeune garçon, voleur, oisif et de son ascension sociale au sein de la société en devenant adulte. Il passe par un nombre d’épreuves et de confrontations, porté par l’amour. Au départ, rien ne le désigne pour bénéficier d’un tel destin. C’est le hasard qui guide sa quête. On peut voir dans la lutte entre Jafar et Aladdin celle de l’argent pour le profit pour le premier et celle de l’argent pour une meilleure vie pour le second. Ces deux thématiques se retrouvent au cœur du débat philosophique d’aujourd’hui. Les objets magiques comme la lampe et le tapis symbolisent la mise en pratique de cette morale. Le génie est tributaire de la personne qui le détient. Ainsi Aladdin ne rêve que de conquérir un cœur et changer le monde des plus faibles. Pour Jafar, c’est un trône et le pouvoir. Nous voyons bien les résonances avec notre époque actuelle.
La lampe représente le pouvoir absolu. Pour Aladdin elle devient l’occasion de changer son destin. Guy Ritchie trouve dans ce récit de quoi revisiter à sa manière ses thématiques personnelles, la différence de classes en particulier, les riches et les pauvres. Derrière les chansons, les cœurs qui battent à l’unisson, c’est aussi le regard sur la société. Nous retrouvons les cascades et envolées propres à Guy Ritchie déjà vues dans ses précédents films. C’est ce que l’on peut lire derrière les images pleines de sensations aux multiples couleurs. Comme nous le disait le réalisateur lors de la conférence de presse : « C’est avant tout un film populaire, visible par tous. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un discoure de fond. »
Will Smith campe un génie farceur et ironique aux côtés d’une princesse et d’un voleur au grand cœur. On frémit, on tremble, on voyage et nous chantons à l’unisson dans cette version très réussie.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Aladdin
Réalisation : Guy Ritchie
Scénario : John August et Guy Ritchie, d'après Aladin ou la Lampe merveilleuse et Les Mille et Une Nuits
Direction artistique : Steve Summersgill
Décors : Gemma Jackson
Costumes : Michael Wilkinson
Photographie : Alan Stewart
Montage : James Herbert
Musique : Alan Menken et Nas Lukas
Production : Jonathan Eirich et Dan Lin
Sociétés de production : Walt Disney Pictures, Lin Pictures et Rideback
Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution
Pays d'origine : États-Unis / Inde
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : aventure fantastique
Durée : 128 minutes
Dates de sortie2 : 22 mai 2019
Distribution
Mena Massoud : Aladdin
Will Smith (VF : Anthony Kavanagh) : le Génie
Naomi Scott (VF : Hiba Tawaji) : Jasmine
Marwan Kenzari : Jafar
Alan Tudyk : Iago
Navid Negahban (VF : Omar Yami) : Le Sultan
Nasim Pedrad : Dalia
Billy Magnussen (VF : Valéry Schatz) : le Prince Anders
Numan Acar : Hakim
Jordan Nash : Barro
Kevin Matadeen : le marchand de tapis
Chansons du film
Nuits d'Arabie (Arabian Nights) - Génie
Je vole (One Jump Ahead) - Aladdin
Je vole (One Jump Ahead), reprise 1 - Aladdin
Parler (Speechless), version courte - Jasmine
Je suis ton meilleur ami ou Un ami comme moi au Québec (Friend Like Me) - Génie
Prince Ali - Génie
Ce rêve bleu ou Un nouveau monde au Québec (A Whole New World) - Aladdin et Jasmine
Je vole (One Jump Ahead), reprise 2 - Aladdin
Parler (Speechless), version longue - Jasmine
A Whole New World - Générique de fin