Au début des années 60, en pleine guerre froide, Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E. retrace l'histoire de l'agent de la CIA Solo et de l'agent du KGB Kuryakin. Contraints de laisser de côté leur antagonisme ancestral, les deux hommes s'engagent dans une mission conjointe : mettre hors d'état de nuire une organisation criminelle internationale déterminée à ébranler le fragile équilibre mondial, en favorisant la prolifération des armes et de la technologie nucléaires. Pour l'heure, Solo et Kuryakin n'ont qu'une piste : le contact de la fille d'un scientifique allemand porté disparu, le seul à même d'infiltrer l'organisation criminelle. Ils se lancent dans une course contre la montre pour retrouver sa trace et empêcher un cataclysme planétaire.
On connaît la propension de Guy Ritchie à jouer avec les codes du cinéma de genre. Ses polars branchés et allumés Snatch, Arnaque, Crime et Botanique et RockNRolla affichaient un cinéma loufoque, caricatural et survolté. Rentré dans les rangs pour deux Sherlock Holmes de bonne facture, il retrouve ses anciennes amours avec un film d’espionnage entre hommage et caricature, adapté d’une célèbre série télé des années 60. Buddy movie sous forme de faux blockbuster, Agents très spéciaux – Code U.N.C.L.E affiche un charme désuet et désinvolte comme on les aime. Le tout dans un climat bon enfant distillé par un casting sans star mais diablement efficace. On en redemande.
A la fin des années 60, les beaux gosses bien coiffés et les filles court-vêtues étaient légion dans les séries télévisées. Et Agents très spéciaux, avec un Robert Vaughn aux allures de crooner américain et un David McCallum russe à l’allure très british, ne faisait pas exception à la règle. Durant quatre saisons, Napoleon Solo et Illya Kuryakin ont sauvé la planète pour le compte de l’U.N.C.L.E (United Network Command for Law and Enforcement) alors même que les Etats-Unis et l’Union Soviétique étaient engagés dans un affrontement par procuration. Voilà déjà une petite quinzaine d’année que la Warner louche sur le projet sans jamais le concrétiser, passant notamment dans les bras de Soderberg avant d’atterrir chez Guy Ritchie.
Le cinéaste britannique va s’en donner à cœur joie pour nous concocter un scénario aux petits oignons jonché de références et de pastiches savoureux. Articulé tout du long autour de son trio détonnant, le film avance cahin-caha au rythme des quolibets entre les deux rivales qui font constamment la gueguerre à qui a le plus gros gadget et le meilleur crochet du droit. Dans ce duo tout en testostérone, l’intrépide Gaby vient rétablir un peu d’équilibre et nouer une intrigue d’amour impossible plutôt mignonne, qui sait se faire oublier au profit de l’action. Car le cœur du sujet est bien là : comment cette alliance improbable va réussir à sauver le monde d’une menace nucléaire ?
Ritchie mène son film tambour battant entre jeux de piste et jeux de rôle, laissant même la place à quelques rebondissements inattendus. S’il a mis un peu d’eau dans son vin côté réalisation survitaminée, il nous offre tout de même un petit florilège d’angles filmiques et d’effets de montage qui font la part belle à l’esthétique désuète. Montage accéléré, angles inédits (ouverture du coffre en panoramique), micro flash-backs, « split screen » (écran divisé), la réalisateur s’affaire à souligner le côté suranné tout en teintant son film d’une action bien contemporaine non sans quelques hommages : à James Bond notamment lorsqu’on voit les deux agents se protéger des balles avec la main ; et d’une bande annonce détonante.
Ritchie joue donc à fond la partition retro avec une photographie aux couleurs passées et aux allures has been qui peut irriter. Une esthétique qu’il assume pourtant jusqu’au bout, sublimant des costumes pops multicolores, des décors naturels magnifiques et des acteurs pomponnés. Des acteurs qui, s’il ne font pas partis de la brochette la plus “bankable“ d’Hollywood, ont le mérite de porter à merveille le film sur leurs épaules. Le flegme de Napoléon colle comme un gant au superman Henry Cavill et le self control de Kuryakin, un peu moins sexy et complexé que l’original, est parfaitement interprété par Armie Hammer, croisé notamment dans The Lone Ranger. Entre les deux beaux gosses, la très populaire Alicia Vikander ajoute tout ce qu’il faut de candeur et de féminité au trio pour que ça roule comme sur des roulettes.
Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E n’a pas fait d’étincelles outre-Atlantique malgré des critiques très favorables. Ceci s’explique surement par son parti-pris anti-blockbuster et par ses choix un peu moins loufoques que Kingsman. En un sens, c’est vrai qu’on aurait aimé qu’il traduise un peu mieux cette relation amour-haine entre les deux héros ou qu’il aille un peu plus dans la gaudriole. Malgré tout, la besogne mérite son public, un public audacieux qui n’est pas obsédé par les super-héros ni effrayé par une réalisation punchy et une certaine désinvolture. Nous, on adhère.
Eve Brousse
Fiche technique
· Titre français : Agents très spéciaux : Code UNCLE
· Titre québécois : Des agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E
· Titre original : The Man from UNCLE
· Réalisation : Guy Ritchie
· Scénario : Guy Ritchie et Lionel Wigram, d'après une histoire de Jeff Kleeman, David C. Wilson, Guy Ritchie et Lionel Wigram, d'après la série télévisée Des agents très spéciaux créée par Sam Rolfe
· Musique : Daniel Pemberton
· Photographie : John Mathieson
· Montage : James Herbert
· Décors : Oliver Scholl
· Costumes : Joanna Johnston
· Direction artistique : David Allday et Remo Tozzi
· Production : Steve Clark-Hall, John Davis, Jeff Kleeman et Lionel Wigram
Producteur délégué : David Dobkin
· Société de production : Warner Bros.
· Distribution : Warner Bros.
· Genre : espionnage
· Pays d'origine : États-Unis, Royaume-Uni
· Langue originale : anglais
· Budget : 75 millions de dollars
· Format : couleur - 2.39:1 - numérique / Son : Datasat, SDDS, Dolby Digital, Dolby Atmos
Distribution
· Henry Cavill : Napoleon Solo
· Armie Hammer : Illya Kouriakine
· Hugh Grant : Alexander Waverly
· Alicia Vikander : Gaby Teller
· Elizabeth Debicki : Victoria Vinciguerra
· Jared Harris : Saunders
· Luca Calvani : Alexander
· Simona Caparrini : Comtesse Allegra
· Christian Berkel