1908 à l’aube du XXe siècle, Adaline possède tout pour être heureuse, mais un accident arrête le temps et la fige à l’âge de 29 ans. Elle ne peut plus vieillir et voit les êtres qu’elle aime vieillir et disparaître. Elle décide de fuir et de ne construire aucune histoire d’amour durable. Seule sa fille, Flemming, connaît son secret. Lorsqu’elles se croisent, la mère voit le temps jouer sa partition sur sa fille. Elle-même ne bouge pas. Tous les dix ans, elle change de lieu et d’identité pour éviter que le FBI ne la retrouve.
Elle connaît le sort qu’il lui réserverait, une batterie de tests pour comprendre son immortalité. Elle ne peut construire aucune histoire sentimentale : comment voir vieillir celui que l’on aime et le perdre à jamais ? La rencontre à notre époque avec Ellis bouscule cette résolution. Peu à peu son cœur s’emballe, s’émeut, comment garder le contrôle quand tout vous pousse à aimer follement ? Il est peut-être temps de laisser son cœur et la vérité parler. La rencontre avec le père d’Ellis, William, risque de remettre ces bonnes résolutions en cause. Elle reconnaît cet amour ancien qu’elle abandonna par crainte des vieux jours. Cette fois Adaline ne peut plus fuir. Il lui faut affronter le temps, accepter d’aimer, quitte à ce que cet amour laisse une cicatrice dans son cœur.
Voilà un joli conte romantique que vous pourrez découvrir directement en vidéo. Le soin apporté à la reconstitution des époques, la douceur du récit porté par des acteurs inspirés en font une belle romance d’aujourd’hui. Le film s’interroge sur l’immortalité, après Le portrait de Dorian Gray, la série Forever, Highlander, et bien d’autres. La forme est magnifique. La caméra de Lee Toland Krieger cherche le meilleur plan, soigne le décor et l’éclairage pour cette romance sur fond d’éternité. Blake Lively sublime le rôle d’Adaline, lui donne toute sa richesse et sa profondeur. La relation mère fille est une des plus belles parties du film.
C’est sur celle-ci qui change avec le temps que l’histoire marque le passage du temps et les chapitres. Comment aimer quand le temps n’a aucun effet sur vous ? Comment le cœur peut-il survivre à la douleur de voir ceux que vous chérissez disparaître à jamais ? Vous restez là, sur le pas de la porte, éternellement jeune. Il y a d’abord le temps qui les affaiblit puis la mort qui les envahit. Elle a bien essayé et chaque fois la douleur insurmontable la cloue au pilori et il s’écoule des années avant qu’elle puisse croire à nouveau. L’amour est toujours le plus fort, il déplace les montagnes et se fout du temps. L’originalité du récit est de croiser sa romance avec Ellis avec un amour plus ancien.
Je ne veux pas trop vous en dire pour ne pas gâcher la fin. Cet aspect est hélas mal exploité et c’est dommage. Le problème qu’il soulève méritait plus de profondeur, mais le temps manquait sans doute au récit. Harrison Ford d’ailleurs est excellent dans un rôle de séducteur qu’il renouvelle. La voix off vient renforcer la narration, elle marque les points qu’Adaline ne peut nous dévoiler. Toutes les thématiques liées au temps et à l’éternité que l’on souhaite dissimuler sont balayées. Comme cette photo pendant la guerre qui échappe à notre héroïne, où on la voit en 2015 au même âge. Le film s’offre des petits moments de bonheur comme cette très belle séquence où elle visionne ses souvenirs récupérés sur des vieux films dans une bibliothèque. C’est le chien qui l’accompagne échangé par un de ses descendants quand il meurt. Adaline reste malgré tout un beau conte qui méritait son passage sur grand écran, d’autant plus qu’il fut un succès au box-office américain.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
"Une romance éternelle" (31')
"Des styles et des époques" (19')
"Qui est Anthony Ingruber, le jeune Harrison Ford ?" (9')
Titre original : The Age of Adaline
Titre français : Adaline
Titre québécois : Éternelle Adaline
Réalisation : Lee Toland Krieger
Scénario : J. Mills Goodloe et Salvador Paskowitz
Montage : Melissa Kent
Musique : Rob Simonsen
Production : Scott Sanders (en), Ahmet Zappa
Sociétés de production : Lakeshore Entertainment, Sidney Kimmel Entertainment et RatPac-Dune Entertainment
Sociétés de distribution : Lionsgate et Warner Bros.
Budget : 25 000 000 $
Pays d'origine : Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur – 16 mm – 2,35:1 – son Dolby Digital : Dolby Atmos
Genre : Film fantastique, Film romantique
Durée : 113 minutes
Dates de sortie : 22 mai 2015 (en vidéo à la demande)
Distribution
Blake Lively (VF : Olivia Luccioni) : Adaline Bowman
Michiel Huisman (VF : Patrick Mancini) : Ellis Jones
Kathy Baker (VF : Pauline Larrieu) : Kathy Jones
Harrison Ford (VF : Richard Darbois) : William Jones
Ellen Burstyn (VF : Sylvie Genty) : Flemming
Amanda Crew (VF : Karine Foviau) : Kiki
Richard Harmon (VF : Olivier Podesta) : Tony
Mark Ghanimé : Caleb
Anjali Jay (VF : Dominique Lelong) : Cora
Anthony Ingruber (VF : Hervé Grull) : le jeune William
Barclay Hope (VF : Olivier Destrez) : Stanley Chesterfield
Peter J. Gray : Clarence James Prescott
Lynda Boyd (VF : Brigitte Aubry) : Regan
Alison Wandzura : Greencar
Chris William Martin : Dale Davenport
Toby Levins (VF : Olivier Jankovic) : le superintendant
Robert Moloney (VF : Serge Faliu) : le conseiller financier