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affiche Abou Leila

Abou Leila

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Un film de Amin Sidi-Boumedine,
Avec Slimane Benouari, Lyes Salem, Azouz Abdelkader,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h15
Algérie

En Bref

Un homme est abattu dans une rue d’Alger. Une fusillade s’ensuit avec la police. C’est une porte ouverte sur l’enfer et la folie pour un pays meurtri. Nous sommes en 1994, l’Algérie connaît une vague d’attentats sans précédent. Peu après, nous retrouvons deux hommes dans une voiture, en quête d’un terroriste, Abou Leila. Chimères, réalité, visions, métaphore de tous les meurtriers au nom de Dieu qui s’abattent sur le pays. Nous ne savons rien de ces deux hommes, juste leurs noms, S. et Lotfi. Ce dernier est un homme censément parti dans le désert avec l’autre « fou » comme le nomment ses collègues. Il chasse une ombre, un fantôme, une réalité mortelle et dangereuse pour la nation. Ils iront au bout de l’enfer et du désert là où le sable chaud se marie avec le ciel, noyant l’horizon et brisant les rêves.


Amin Sidi-Boumedine embrasse, embrase plusieurs genres, le road movie, le polar, le film noir et social pour nous raconter les blessures d’un pays. Abou Leila peut se voir comme une métaphore d’une époque peu glorieuse. Quand les routes étaient peu sures et le vent du désert sauvage. Un pays à l’image de S basculant dans la folie. Dans ce monde au bord du chaos, Lotfi tente de garder la tête sur les épaules et l’espoir de jours meilleurs. Ils ne pourront embraser l’horizon qu’en traquant la bête, Abou Leila, le terroriste de cette rue perdue dans un pays oublié du monde. Il arpente le désert du Petit Prince censé éveiller l’esprit. Pour S, cette quête devient une obsession, le seul moyen de retrouver le sens de la vie et de ne pas basculer dans la folie. On imagine facilement la métaphore de l’Algérie prise dans la tourmente et basculant dans l’horreur et la folie. Dans leur course à travers le désert, ils découvrent une région qui n’est pas épargnée par ce mal qui touche la nation. Ils rencontrent des hommes et des femmes qui tentent de survivre à l’ouragan qui passe.

Au bout de la route, c’est la rencontre avec les hommes du désert et la figure emblématique du guépard du désert. Le parcours devient un film social nous montrant une Algérie loin de l’image fantasmée des peintres pompiers. L’image idyllique du désert, lieu de ressource, de paix de l’âme vole en éclats. Ici, des hommes et des femmes construisent un avenir qui n’est pas différent du nôtre. Comme nous, ils cherchent un bonheur qui ne frappe pas toujours à la porte. C’est un regard sur les hommes de l’ordre, la police et les services parallèles. Amin Sidi-Boumedine ne fait aucune concession. Il montre le vrai visage, entre enfer et paradis, de ces hommes confrontés tout à coup au terrorisme. En cela, il appartient bien à cette jeune génération des pays du Maghreb qui ose tout dans un cinéma sans frontière, capable de tout. De la Tunisie au Maroc en passant par l’Algérie, il s’inspire souvent de la nouvelle vague d’un cinéma réaliste contemporain, pour aborder toutes les thématiques. La jeune génération, à l’image de Papicha de Mounia Meddour, Les chevaux de dieu, Razzia de Nabil Ayouch ou encore C’est eux les chiens d’Hicham Lasri participent à un cinéma engagé.

Amin Sidi-Boumedine s’inscrit à son tour dans cette lignée, avec un premier film mélangeant les genres, onirisme, social, polar, film noir, contemplatif, sans jamais se perdre dans l’immensité du désert. C’est un choc visuel, émotionnel, intelligent dans son propos, choisissant la voie de la métaphore et d’un spectateur actif. C’est au cœur des personnages que le mouvement trouve son apothéose. A l’extérieur, le désert semble figé, imperméable à la violence. Le film brasse tellement de sujets que chacun pourra, à l’image du mirage, voir son film recomposé. Ils seront très vite rattrapés par cette violence qu’ils pourchassent. Il faut accepter d’embarquer dans cette voiture et de se laisser transporter ailleurs. Il faudra regarder bien plus que le doigt montrant la lune pour embrasser toute la complexité du récit. Les acteurs, dont le réalisateur Lyes Salem, composent des figures complexes pour un pays qui ne l’est pas moins.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre : Abou Leila

Réalisateur : Amin Sidi-Boumedine

Scénariste : Amin Sidi-Boumedine

Producteur, Productrice : Fayçal Hammoum, Yacine Bouaziz, Louise Bellicaud, Claire Charles-Gervais

Producteur associé : Michel Merkt

Equipe technique

Chef monteur : Amin Sidi-Boumediène

1er assistant réalisateur : Amine Kabbes

Scripte : Sandra Di Pasquale

Ingénieur du son : Benjamin Lécuyer

Monteur son : Nassim El Mounabbih

Distribution

Acteurs et actrices

Slimane Benouari

Lyes Salem

Azouz Abdelkader

Meriem Medjkane

La photographe : Samir El Hakim

Fouad Megiraga

Hocine Mokhtar

Attachée de presse : Chloé Lorenzi

Sociétés Production : In Vivo Films

Production : Thala Films

Exportation/Distribution internationale : Films Boutique

Distributeur France (Sortie en salle) : UFO Distribution