Steve, un ado de 13 ans qui se cherche, découvre dans son quartier une bande de jeunes qui s’éclatent et se rient de la morale en vigueur, rois du monde ou plutôt de leur quartier, sur leurs skates. Une jolie tranche de vie et d’entrée dans l’adolescence.
Voilà un film qui ne prétend pas donner de leçons et qui, malgré tout, s’insère dans une réalité sociale, tout en inscrivant en premier lieu le passage de l’enfance à l’adolescence. Steve a 13 ans. Dans sa famille, la maman, seule, fait de son mieux pour s’occuper de ses deux enfants. L’ainé, écorché vif, fait la loi et Steve encaisse souvent des coups. A la recherche d’un appel d’air, il est attiré par une bande de skateurs, l’air cool, et qui ne s’en laissent pas conter.
Le récit s’ingénie à ne dispenser que des scènes banales, issues du quotidien. La glande, le cool, et les figures de style sur les planches. Steve voit là une fenêtre pour s’émanciper de sa famille et le chemin qui mène à l’adolescence, antichambre de l’âge adulte.Le montage est nerveux et laisse les personnages dans l’action, alors que le message est clairement centré sur l’être ou me mal être, la discrimination sociale et l’esprit de bande qui recrée une nouvelle solidarité entre les êtres.
Sunny Suljic impose l’adhésion, avec sa bouille enfantine, butée et prompte à l’émerveillement. Le casting a été basé sur les capacités des acteurs à manier la planche. Néanmoins, ils font passer de manière implicite la relégation sociale, le rêve de se dépasser à travers les figures de skate, la fraternité qui les unit, mise en danger par l’envie d’accéder à la notoriété.
90’s se revendique d’un certain type de films, de Larry Clarke à Harmony Korine (qui fait une apparition dans le film). Il évolue sur des terrains familiers de la culture urbaine tout en traitant de sujets universels tels que l’entrée dans l’adolescence, les liens d’affection au sein de la famille ou de la bande de copains, la difficulté à être, quels que soient l’âge, la classe sociale ou le mode de vie.
Plus qu’un brûlot contre un certain type de société, 90’s brosse un portrait touchant et documenté d’une jeunesse laissée pour compte, qui oscille entre le goût de vivre à fond et la conscience de son déclassement. Dans ce contexte, le goût du rêve, de l’amitié et de la solidarité est bien présent, le goût de la vie prévaut sur la rudesse de l’existence.
Françoise Poul
Bonus:
Bande-annonce