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7 jours pas plus

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Un film de Héctor Cabello Reyes ,
Avec Benoît Poelvoorde, Alexandra Lamy, Pitobash,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h31
France

En Bref

 Ajit s’apprête à demander la main de sa fiancée quand une vache, tombant du ciel, met fin à cette belle histoire. Il décide d’émigrer en France chez son oncle. Il va croiser sur son chemin Pierre, quincailler taciturne, silencieux, acariâtre et misanthrope, qui possède quelque problème à communiquer avec ses semblables. Celui-ci passe son temps à compter et recompter ses boîtes de vis, convaincu que le fabricant l’arnaque. Il collectionne les coupures de journaux du monde entier relatant des évènements extraordinaires, comme cette vache tombée du ciel. C’est le seul point commun qu’il possède avec Ajit au début de notre histoire.

Dans le fond, Pierre est une âme charitable qui s’ignore et accepte d’héberger un temps le pauvre Ajit, rejeté par des passeurs peu scrupuleux. Dans son handicap Pierre n’arrive pas à construire une relation durable, même quand le cœur frémit un peu, comme avec Jeanne. La pauvre multiplie les signes en direction de notre émotif anonyme qui ne comprend rien aux femmes. C’est l’arrivée d’Ajit, ne parlant pas un mot de français, qui bouleverse sa petite vie de patachon. Ajit finit par s’incruster dans la vie de Pierre malgré lui. Il changera radicalement le regard de Pierre sur le monde et les autres. Il a sept jours et pas plus, délai imposé par notre quincailler. La vie pourrait bien étendre le délai à toute une vie pour cette nouvelle amitié.


Héctor Cabello Reyes adapte El Chino de l’argentin Sébastien Borensztein, en changeant de décor. Ce sont surtout ses acteurs qui transforment par leur jeu le regard sur cette histoire insolite. La trame narrative reste la même, preuve de l’universalité de ce partage. En prenant deux personnages que tout semble opposer, c’est notre société autiste qu’il examine. Pierre est un personnage moins égoïste que l’original. Il est toujours centré sur lui-même, vieux garçon, que plus rien ne semble enchanter. Il est en partie cette figure du monde actuel. Héctor Cabello Reyes lui rajoute une touche de misanthropie dans l’esprit de Molière. Ajit, amoureux brisé, reste optimiste, malgré la douleur et ce monde, dont il ne comprend pas la langue. Il pourrait représenter cet homme de demain, ouvert à l’univers, cherchant l’harmonie.

Ce sont deux visions de notre société. Le premier n’attend plus rien et n’espère même plus un sourire, au point que lorsque l’amour pointe le bout de son nez, il ne sait le reconnaître. Ajit l’aidera à donner un autre sens aux choses, une valeur plus profonde et à comprendre que l’amour est un trésor. L’humour s’appuie sur cette non-communication pour renforcer l’intrigue et peu à peu apporter un autre regard sur la société. C’est quand il commence à communiquer, par livreur de cuisine indienne interposé, que Pierre prend conscience du glissement qui l’entraînait vers une vie d’ermite. Il s’aperçoit que l’on ne peut rejeter l’extérieur et que même s’il est parfois étrange, il reste finalement merveilleux. Ce conte nous rappelle une fois de plus que l’autre, « l’estranger » a beaucoup à nous apprendre. Il est parfois notre éveil au lieu de notre mort. Cette nouvelle version se veut plus douce, moins ironique et acerbe que l’original, elle pourrait bien trouver un public plus large.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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