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affiche 3 jours à Quiberon

3 jours à Quiberon

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Un film de Emily Atef ,
Avec Marie Bäumer, Birgit Minichmayr, Charly Hübner,

Genre : Biographique
Durée : 1h55
Allemagne

En Bref

Romy Schneider, star mondialement connue, est en cure à Quiberon. Sa vie tumultueuse et son rythme de tournage l’ont conduite au bord de l’épuisement. Alors que sa meilleure amie, qu’elle connait depuis l’enfance, vient lui rendre visite, deux journalistes du Stern, magazine dit sérieux, réputé en Allemagne, viennent lui demander une interview. S’ensuivent trois jours intenses, et trois nuits agitées qui sont l’objet du film.


Emily Atef a un atout de choix : la lumineuse, incandescente, Marie Bäumer. Comment ne pas être frappé  par la ressemblance de l’actrice avec son modèle ? Non seulement son physique est troublant mais la façon de se mouvoir, d’avoir dans le regard cette étincelle de vie qui soudain s’éteint comme une chandelle au vent, laisse bouche bée.

Madame Schneider n’est pas, n’est plus, n’a jamais été Sissi. C’est à croire que le peuple allemand ne lui a toujours pas pardonné et c’est là-dessus qu’attaque, bille en tête, Michaël Jürgs lors de son interview. Romy, mise en confiance par le photographe, son ami Robert Lebeck, se confie avec sincérité, sans voir qu’elle est de la matière à papier, que le scandale fait vendre, le drame aussi.
Le film traite de la douleur de l’actrice qui ne peut vivre sans tourner. Elle a déjà connu tellement de deuils et de séparations que seuls les plateaux lui (re)donnent vie, mais ce sont eux qui l’éloignent de ses enfants et créent en elle un vide existentiel, un trajet de funambule sur un fil prêt à se rompre. Et c’est là-dessus que viennent en vautours les journalistes pour faire leur moisson. On a reproché au film de montrer une actrice alcoolique et droguée. Il semble qu’au contraire, ce long métrage essaie de régler quelques comptes avec les gens de presse sans scrupule auxquels se livre au  prix fort celle qui doute et souffre.

Jusqu’au bout, on suit Romy pas à pas et ce n’est pas sans une certaine jubilation qu’un joli retournement de situation se produit à la fin du film, même si l’on sait que la joie est très provisoire dans l’histoire de la vie de Madame Schneider.

 Françoise Poul

Note du support : n/a
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La ressemblance entre Romy et son interprète ajoute au trouble. Cette dernière s’appelle Marie Baumer. Allemande elle-aussi, elle vit dans le midi de la France et tout comme Romy, s’exprime parfaitement dans notre langue.

Interpréter Romy Schneider était un défi ?

Marie Baumer : « On me compare à elle depuis que j’ai 16 ans. Mais je ne savais pas qui elle était, car j’ai grandi sans téléviseur et sans séances de cinéma. Ensuite, quand je me suis renseignée, j’ai toujours refusé les biopics que l’on me proposait. Je trouvais que c’était prendre trop de risques avec une icône comme elle. Si j’ai dit oui au producteur français de « Trois jours à Quiberon », c’est parce qu’il s’agissait d’une période très courte, comme un zoom sur la fin de sa vie, au moment ou elle vacille..»

Comprenez-vous les réactions de Sarah Biasini qui se dit scandalisée par l’image que l’on donne de sa mère : une actrice fragile,  toxique et manipulatrice, ne parvenant pas a se désintoxiquer de l alcool du tabac et des médicaments ?

«  Je sais que Sarah a lu le scénario avant le tournage. Je n’ai pas suivi la polémique. Je ne peux pas vous en dire plus… C’est difficile d’avoir une mère célèbre et de l’avoir perdue très tôt. Mais jamais l’on n’a  voulu exposer ou utiliser Romy. On voulait juste s’approchait d’elle pour tenter d’en capter les dechirements…

Les faits authentiques, l’utilisation du noir et blanc, votre ressemblance avec Romy… Tout fait croire à un documentaire. Or il s’agit d’une fiction…

«La réalisatrice s’est inspirée des discussions qu’elle a eues avec les personnes présentes sur les lieux à cette époque. Elle a eu accès aux photos de Robert Lebeck. Encore vivant au moment du tournage, il a donné son accord pour prêter son identité à un personnage. L’entretien avec le journaliste de « Stern » est très proche de l’original. Il montre combien elle a pu être agressée par la presse allemande qui lui reprochait d’avoir quitté son pays  et de ne plus être leur chère « Sissi ». Par cet entretien, elle voulait se justifier et être comprise. Mais elle est tombée dans un piège. Or, de toutes façons, en Allemagne, on est très dur avec les talents.

Comment êtes-vous devenue Romy ?

« j’ai regardé beaucoup d’entretiens. Elle y était souvent agitée. Rarement détendue. En état de déséquilibre.  J’ai observé sa façon nerveuse de fumer. Elle n’écoutait pas toujours les questions qu’on lui posait préférant poursuivre ses pensées. J’ai tenté de retrouver son accent tant en allemand qu’en français. Son phrasé très doux de ses origines bourgeoises de Vienne...  

 A un moment, Romy ne prend pas son fils au téléphone et l’on sait qu’il meurt accidentellement, trois mois plus tard. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres des difficultés à vivre de l’actrice. Sort-on indemne d’une telle identification ?

« En principe oui. Surtout si l’on pratique comme je le fais la distanciation apprise à l’école de Bertolt Brecht. Je suis professeur de théâtre et je sais qu’il ne faut pas mélanger travail et vie privée. D’ailleurs, j’évite d’enchainer les films et quand il était petit, j’emmenais mon fils sur les tournages.  En tant que mère, je pense être en paix avec la mauvaise conscience ! Mais je ne vous garantis pas que je n’ai pas versé de vrais larmes sur ce tournage ! »

Interview réalisé par Patrick Van Langhenhoven au 8 Rencontre du Sud  à Avignon en mars 2018. Merci à Marie Aimée pour la transcription.

Titre : 3 jours à Quiberon

    Titre original : 3 Tage in Quiberon

    Réalisation : Emily Atef

    Scénario : Emily Atef

    Photographie : Thomas Kiennast

    Montage : Hansjörg Weissbrich

    Costumes :

    Décors : Silke Fischer

    Musique : Christoph Kaiser et Julian Maas

    Producteur : Karsten Stöter

        Coproducteur : Sophie Dulac, Undine Filter, Michel Zana, Danny Krausz, Fred Prémel, Thomas Kral et Kurt Stocker

    Production : Rohfilm

    Distribution : Sophie Dulac Distribution

    Pays d’origine : Allemagne, Autriche, France

    Genre : Drame

    Durée : 116 minutes

    Dates de sortie : 13 juin 2018

Distribution

     Marie Bäumer : Romy Schneider

    Birgit Minichmayr : Hilde Fritsch

    Robert Gwisdek : Michael Jurgs

    Charly Hübner : Robert Lebeck

    Denis Lavant : Le poète des rues

    Christopher Buchholz : Dr Frelin

    Vicky Krieps : La femme de chambre

    Vincent Furic : Dr Moriette

    Loïc Baylacq : Le propriétaire